LE MOYEN AGE
En poursuivant notre histoire, nous voilà, après le long règne romain, à la période franque, au début du Moyen Age. Le nom de notre faubourg provient très certainement de cette époque. D’après un document daté de 722, le duc Adalbert d’Alsace aurait construit aux environs de Strasbourg son «Koenigshof » (cours royale). La tradition le situe près du cimetière Saint-Gall à cause de sa position sur-élevée. En tout état de cause, Koenigshoffen doit son nom à une résidence royale qui servait aux rois francs lorsqu’ils vinrent à Strasbourg. C’est autour de cette demeure que naissait peu à peu un village libre du même nom. |
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Jusqu’au XIIIème siècle, Koenigshoffen était un faubourg indépendant et l’écoutête qui administrait et jugeait les petites causes était déjà apparu. Un document de 1220 parle d’un lobium, ou cours de justice, à l’entrée du village sur le coté nord de la Route des Romains. Cette « laube » est probablement à l’origine du nom de la Rue de la Charmille (Laubgass en allemand). En 1347, l’empereur Charles IV cède le village aux trois frères Kurnagel en échange d’une forte somme d’argent. Le 31 juillet 1351, la Ville de Strasbourg rachète Koenigshoffen aux Kurnagel. C’en est fini de l’indépendance. A partir de cette époque, le faubourg est aux premières lignes des combats. Le 15 septembre 1392, lors de batailles entre la Ville de Strasbourg et son évêque Friedrich Von Blanckenheim, le quartier est entièrement détruit par un incendie. Pour se protéger plus efficacement, la Ville de Strasbourg décide de construire 12 tours de guet dont l’une à Koenigshoffen : la Tour du Schloessel. Une autre des douze tours a été construite Route de Schirmeck - la Tour Verte - disparue aujourd’hui. |
Dans le domaine de la Tour du Schloessel (appelait aussi le Schnokeloch ou trou à moustiques) se trouvaient également un moulin mais surtout une auberge. C’est autour de cette auberge qu’est née la célèbre comptine alsacienne « de Hans Im Schnokeloch ». Le restaurateur de cette époque s’appelait Hans et sa devise était « Jean du Trou aux moustiques a tout ce que l’on veut ». Hélas, les clients n’étaient pas tout à fait de cet avis et ils changèrent la devise : « Tout ce que l’on veut, Hans ne l’a pas ; et tout ce qu'il a, on n'en veut pas». Les modifications qui sont apparus au cours des siècles suivants ont donnés la version actuelle dont le refrain n’a pas changé : |
D’r Hans im Schnookeloch |
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Une part importante de l’histoire de Koenigshoffen a été écrite par l’arrivée des Chartreux à l’extrémité Ouest du faubourg, estimée aux environs de 1333 - 1339, en provenance de la Grande Chartreuse de Grenoble. |
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Les
très nombreux méandres des différents cours d’eaux qui
traversaient Koenigshoffen - la plupart ont été asséchés
depuis - étaient tout à fait propices à l’installation
de moulins, constituant l’une des seules sources d’énergie pour l’époque.
A la fin du XVème siècle, l’un des premiers sinon le premier
moulin à papier est construit sur le Mulbach, bras de rivière
provenant de la Bruche. Par la suite, plusieurs moulins y ont été
construits, Strasbourg à un moment en comptant plus de 30.
Dans le faubourg de Koenigshoffen, il existait principalement trois moulins
: le moulin supérieur sur l’actuel terrain de la Société
Alsacienne de SuperMarché (SASM), un autre permettant de moudre
le grain (Wittenmühle) près du Castel du Breuscheck - la Tour
du Schloessel -, et enfin un dernier sur le site dit du Kupferhammer. C’est
celui-ci qui est considéré comme le premier moulin à
papier de Strasbourg. Son histoire fut des plus tourmentée : à
la suite d’un incendie en 1676, il est reconverti en moulin à poudre
(Pulvermühle) qui explosa cinq années plus tard. Deux banquiers
rachètent les lieux pour le transformer en 1685 en martinet à
cuivre, marteau à bascule actionné par la force du moulin
et servant à battre principalement le cuivre mais aussi d’autres
métaux. Ces lieux furent alors nommés Kupferhammer. Ces bâtiments
qui gênaient le tir durant le siège des Allemands en 1870
furent détruits par les assiégés. Ces lieux ont été
très probablement revendus à la famille Gruber en 1875. Il
existait bien entendu d’autres types de moulins comme le moulin à
garance qui permettait de produire une teinture rouge utilisée pour
les tissus.
Bien
que de très mauvaise qualité, ce plan permet tout de même
de deviner les quatre zones d'occupations des sols qui régissent
les constructions à l'époque. On distingue les remparts édifiés
par Vauban au XVIIème siècle en bas à droite. La première
zone d'occupation, entre ces remparts et la limite verte, est absolument
inconstructible pour des raisons militaires, une sorts de no-mans-land.
L'artillerie ne voulait être génée par aucun bâtiment
pour d'éventuels tirs. Les règles de la zone II étaient
également très strictes, seul le Roi de France aurait pu,
et encore, y construire une demeure. La zone IV était trop éloignée
des remparts de la Ville et, au Moyen Age, il était impératif
de pouvoir se réfugier rapidement en cas de problèmes. Enfin
seule la zone III était habitable par tout un chacun ; à
deux conditions cependant : l'une que ces bâtisses ne renferment
aucune caves, l'autre que les murs puissent être détruits
par le feu en moins de 24 heures si nécessaire. Ceci devait éviter
que d'éventuels assiégeants ne puissent trouver des abris
facilement. En fait, à plusieurs reprises au cours de l'Histoire,
l'armée a rasé des bâtiments parce qu'ils génaient
les tirs. |
On distingue aussi sur ce plan les voies de chemins de fer telles qu'elles existaient à la fin du XIXème siècle avec la gare de marchandises à Koenigshoffen et la gare des voyageurs sur l'actuelle Place des Halles. |
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l'époque suivante : les Brasseurs |